11/04/2015

Layang Layang, Malaisie - Avril 2015

Voici un voyage que nous attendions avec impatience depuis notre derniere visite il y a un an. Nous sommes partis en Malaisie pour oublier le travail, nous reposer et decouvrir des murs de requins marteaux pendant nos plongees. Notre destin en aura decide autrement, notre sejour a ete effrayant et magnifique a la fois. 7 jours sur une petite ile au milieu de nulle part pour profiter de 3 plongees par jour.


Des notre premiere plongee nous decouvrons que la visibilite est tres mauvaise et que l'eau, pleine de planctons, est trouble et sombre. Nous apprenons ensuite qu'une tempete s'etait abattue sur l'ile la semaine precedent notre sejour mais aussi que nous sommes arrives un jour de pleine lune qui impacte les marees, les courants et donc amenait du plancton. L'eau etait pleine de minuscules meduses de toutes formes et d'autres planctons de toutes sortes. La lumiere penetrait difficilement dans la mer, bloquee par ce plancton. A -20-30 metres, il faisait presque nuit noire.


Nous commencions chaque plongee en partant dans le bleu chercher les requins marteaux. Etant dans un milieu bleu-gris noir a -30 metres, ne voyant pas a plus de 5 metres, nous fixions notre regard sur ces minis particules scintillantes flottantes autour de nous. Nous attendions impatiemment que le guide frappe son bateau de fer contre sa bouteille nous indiquant un requin marteau non loin de nous mais rien... nous n'entendons aucun bruit autre que les bulles et les alarmes de nos montres nous indiquant une profondeur limite depassee.

J'etais toujours a l'avant du groupe afin de ne pas etre derangee pour mes photos et n'avoir ni bulles ni d'autres personnes dessus. Ne me retournant plus et sans personne devant moi, je perdais tous mes reperts dans cette eau trouble et foncee. Impactee certainement par une forte dose de nitrogene a cette profondeur pendant une si longue duree je commencais a planer et me prenais pour superman flottant dans l'espace et etait attiree par toutes ces petites lumieres bleues qui brillaient. Je realise soudain que je ne sais plus ou est le haut ni le bas. Tout est tellement sombre, je n'ai plus aucun sens d'orientation. Je ralentis, regarde les autres plongeurs mais n'arrive plus a trouver l'orientation meme en les regardant. Je commence a paniquer, mon coeur bat la chamade, je suis essoufflee, je suis dans le noir, je n'ai plus l'impression d'etre dans l'eau mais de voler, je ne controle plus rien. Prenant peur, je remonte tres rapidement a -20 metres et fais signe a Philippe. Il prend mes mains tremblantes dans les siennes, me fixe dans les yeux et me calme par le regard. Apres plusieurs longues minutes, je me sentais mieux et nous avons calmement continue la plongee a une profondeur moins basse.

Voila ce que ca donnait lorsqu'on partait dans le bleu:

Plus tard dans la journee nous reprenions le bateau en direction du site de plongee et apercevons plusieurs dizaines de dauphins qui jouaient et suivaient notre bateau pendant plusieurs minutes. C'etait fantastique! Quel plaisir de les voir sauter hors de l'eau, si heureux, en liberte. Un moment inoubliable.





Les regles de securite en Malaisie ne sont pas du tout suivies. Le guide de plongee perd souvent son groupe durant les plongees mais tout se termine etonnamment toujours bien, tout le monde remonte sur le bon bateau. Nous avions achete une saucisse de securite qui est un long tube rouge que l'on gonfle avec l'air de nos bouteilles sous l'eau et qui signale aux bateaux de loin la localisation de plongeurs. Celle ci nous a beaucoup servi car nous avons souvent termine nos plongees juste Philippe et moi.

Un jour nous plongions le long d'un mur et avions decide avec Philippe de nous eloigner un peu dans le bleu en esperant croiser un requin marteau. La visibilite etait si mauvaise que je restais a 5 metres du mur et Philippe etait a 5 metres de moi. Ceci nous permettait de balayer une zone de 15 metres en eau trouble. Je regarde en direction du mur pour m'assurer que nous suivions toujours le groupe puis entends des cris de Philippe. Je tourne ma tete vers lui et apercois un requins qui faisait 3 fois sa taille juste a cote de lui. Il a vu sa tete et ses dents s'approcher doucement de lui et a vite realise en contemplant les dessins sur sa peau que c'etait un requin tigre, le deuxieme plus dangereux. Il ne quittait pas la bete des yeux et avait ramene ses genoux a son torse pres a le repousser des pieds en cas d'attaque. Le requin, simplement curieux, a ensuite disparu dans le plancton. Philippe a prefere se rapprocher du mur pour le reste de la plongee.

Plusieurs nouvelles crises de panique me sont arrivees a -30-40 metres ou dans ce brouillard, cette obscurite, je perdais tous mes reperts. A chaque fois que la fameuse question "Ou est le haut, ou est le bas?" me venait, une nouvelle crise de panique s'annoncait.

A chaque extremite de l'ile se trouvaient des courants tres puissants que les locaux appellent les machines a laver. Ceux-ci ont un diametre de plusieurs dizaines de metres et se situent entre 7 et 30 metres de profondeur. L'annee derniere, notre guide nous les a toujours fait eviter. Cette annee, notre nouveau guide nous faisait rentrer en plein dedans ou alors, perdus, nous rentrions droit dedans sans le savoir. Pris dans ce tourbillon nous ne controlons plus rien, nous sommes envoyes a gauche, a droite, montons de 15 metres en quelques secondes et redescendons de 10 metres aussi rapidement. Nous n'avons pas le temps de decompresser, nos oreilles nous font horriblement mal et les alarmes de nos montres sonnent en permanence nous indiquant que l'on remonte trop vite (tres dangereux pour la sante a cause du nitrogene qui n'a pas le temps de sortir).
Pris dans ce tourbillon geant, tout est trouble, nous sommes dans un gigantesque cyclone sous l'eau dans lequel meme les poissons perdent tout controle et sens de l'orientation. Une nouvelle crise d'angoisse s'empare de moi. Emportee vers le bas, ne decompressant pas et ne soufflant pas par le nez, mon masque aspire mon visage, mes oreilles me font horriblement mal. En panique, ma respiration s'accelere et mon coeur bat tellement vite qu'il va sortir de mon corps. J'agrippe Philippe pour ne pas qu'on se separe. Une demie heure plus tard nous reussissons a en sortir par le haut, je reprends mes esprits et alors que nous commencions notre safety stop un groupe d'espadons s'approche de nous. Quel spectacle magnifique! Il est apparemment tres rare d'en apercevoir et beaucoup de guides n'en ont jamais vu!


Chaque plongee dans le bleu, lorsque nous ne perdions pas le guide, se terminait sur le recif pour contempler un corail somptueux et sa vie aquatique. Suivant un jour de gros departs, les groupes de plongees etaient reformes et un groupe de trois Japonais s'etait joint a notre groupe. J'ai vite remarque malheureusement que l'un d'eux s'ecrasait et rempait sur le corail a chaque fois qu'il voulait prendre une photo et cela m'arrachait le coeur de voir ce si beau corail se faire detruire aussi betement. Le guide ne lui faisant aucune remarque, je decide de m'approcher de lui et de lui faire signe de se soulever. Celui-ci ne reagit pas et 5 minutes plus tard s'approche face a moi a une vitesse folle, me fixant d'un regard vide. Un veritable fou furieux. Je lui fais des signes d'etonnements, ne comprenant pas ce qu'il se passait, puis il s'arrete a quelques centimetres de mon masque. Il me fixe toujours d'un regard entierement vide. Puis il se retourne brusquement et place son talon devant mon masque, pres a me frapper du pied. Maline, je ne me laisse pas faire et lui tire sa palme. Ah ah ah, la guerre est belle et bien declenchee! Le destructeur japonais contre la protectrice de l'environnement. Cette brindille ne me fait pas peur! Philippe se met ensuite entre nous pour nous separer mais le Japonais hyper fou essaie de le contourner pour me frapper. Nous avons termine la plongee chacun de notre cote. Lorsque nous sommes remontes sur le bateau, impossible de me faire comprendre et d'obtenir des excuses. Il continuera malheureusement a detruire le corail sur son passage et reagira de maniere agressive et dangereuse a quiconque osera lui faire une reflexion. Nous avons ensuite change de bateau et de groupe de plongee pour eviter ce fou furieux.
Apres une bonne vingtaine de plongees, nous n'avions toujours pas croise de requin marteau. Nous etions le groupe de plongee maudit. Nous partons une derniere fois dans le bleu et rentrons sur le recif bredouille au bout de 30 minutes. Nous n'y croyons plus. Je decide de me contenter de quelques photos de petits poissons dans les coraux quand soudain nous entendons "ding, ding, ding", "Ding ding ding"!!! Je regarde partout et apercois un gros requin marteau nager a la surface! Wooohooooo, quelle chance! Personne n'a jamais vu un requin marteau nager si proche de la surface. Nous contemplons ce spectacle magnifique. Ce requin est venu nous dire au revoir et peut etre a l'annee prochaine! Peu de temps apres nous avons aussi eu la visite d'une belle raie manta que nous avons meme pu contempler pendant notre safety stop.





Voici quelques unes de mes plus belles photos:























certains plongeurs ont un equipement enorme!

Des plongees remplies de sensations fortes et de nouvelles rencontres inoubliables qui seront a jamais gravees en nous.
Une chose est sure, nous n'avons toujours pas dit nos adieux a cet endroit. Nous y retournerons certainement!




3 commentaires:

  1. Que j aime te lire!
    Stephanie Herzog

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  2. Que de magnifiques photos!
    Hélène, je ne te connaissais pas sous cet aspect, c'est à dire capable de te bagarrer avec un autre plongeur pour non respect de l'environnement.
    Faites attention à vous!
    Bises.
    Daniel et Christine DUBOIS

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